Menu

Affaire Belliraj: Le président du CCDH aurait relayé des informations en 2005

Ahmed Herzenni, président du CCDH, a déclaré avoir relayé, en 2005 et à la demande Mohamed Moâtassim, des informations concernant des projets terroristes.

Sortie pour le moins remarquée d'Ahmed Herzenni sur l'affaire Belliraj. À l'entendre, le président du Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH) a non seulement été au courant de contacts entre Mustapha Moâtassim et des activistes islamistes partisans du terrorisme, mais, à la demande du secrétaire général d'Albadil Alhadari, il en aurait informé qui de droit. Invité, mardi dernier, de l'émission Hiwar, sur Al Oula, Herzenni ne s'en est nullement caché. Il a déclaré en substance que Moâtassim lui avait confié, déjà en 2005, être constamment harcelé par un ancien membre de la Chabiba.

Celui-ci aurait même fait part au dirigeant politique de projets à caser dans le registre du terrorisme. Contacté par «Le Soir échos», Herzenni est discret, mais non moins catégorique : «La personne en question n'étaitpasBelliraj». Moâtassim ne disposant pas de relais auprès des services de sécurité, c'est Herzenni qui a pris sur lui d'en informer un responsable sécuritaire, dont l'identité n'a pas été révélée. Officiellement, aucune suite n'a été rendue publique. Mais, signe que, depuis, un effort d'investigation a été enclenché, et d'après cet enquêteur à la DGST, «l'enquête sur le réseau Belliraj remonte à bien loin. Certaines arrestations aussi». Une chose est désormais sûre : si Mouâtassim était bien au courant, il en a parlé. Seul hic, aux canaux officiels, il a préféré des contacts personnels. La conjoncture de l'époque semble y être pour beaucoup. Nous sommes en 2005, Albadil Alhadari venait d'être autorisé en tant que parti politique. Il fallait donc, pour cela, contourner une opposition farouche de quelques sécuritaires. À commencer par un certain Fouad Ali El Himma, alors ministre délégué, mais non moins omnipotent, à l'Intérieur. Le moyen n'a été autre que les intermédiations auprès du Palais qu'a entreprises Moâtassim et qui ont fini par payer. La question qui se pose d'elle-même porte sur la valeur qu'auront les déclarations de Herzenni en relation avec le procès du réseau Belliraj. «Cette nouvelle donne confirme, si besoin est, les bonnes intentions de Moâtassim, l'attitude positive qu 'il a adoptée par rapport aux risques terroristes et sa rigueur quant à la sécurité du pays», déclare Mustapha Ramid, un des quatre avocats de la défense dans l'affaire. Et de préciser que les contacts entre le président du CCDH et le dirigeant islamiste remontent non pas à 2005, mais à 2003. Bizarre ! Dans tous les cas, qu'en est-il du poids juridique de l'affirmation de Herzenni ? «Ce sera à la Justice de trancher en décidant, ou non, de prendre cet élément en ligne de compte», ajoute Ramid. Même son de cloche chez Abderrahim Jamaï, du même comité de défense : «La sortie de Herzenni confirme ce qui jusque-là n'était qu 'une rumeur. Mouâtassim a fait le nécessaire. Et nous comptons bien mettre cet aspect en valeur». En attendant, Mouâtassim et les cinq autres dirigeants politiques sont toujours en détention préventive. Placés dans descellules individuelles, ils se retrouvent pendant les heures de promenade, mais uniquement par groupes de trois personnes, nous informe une source proche des détenus.

Aucune date n'a encore été fixée pour les interrogatoires les intéressant, encore moins celle du début du procès. Leurs dossiers sont toujours inaccessibles aux avocats. Le comité de défense a d'ailleurs eu une réunion avec le ministre de la Justice, Abdelouahed Radi, à ce propos. À l'issue de cette rencontre, qui a duré plus d'une heure et demie, le ministre s'est engagé à prendre les mesures nécessaires pour débloquer la situation. Quid de leurs relations avec Belliraj ? «Nous n'en savons pas plus. Nous* attendons toujours de pouvoir accéder aux PV de police», dit Jamaï.

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com