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Benmoussa donne sa version des événements de Sidi Ifni

Au Parlement, le ministre de l'Intérieur a justifié la réaction musclés des forces de l'ordre... et nie l'existence de cas de viols de vols.

Chakib Benmoussa donne sa version quant aux événements du week-end dernier à Sidi lfni. Profitant mercredi de son passage devant la Chambre des conseillers, dans le cadre des questions orales, le ministre de l'Intérieur est revenu en détails sur le film des événements, en expliquant le pourquoi et en justifiant le comment. Pour lui, tout a commencé après l'annonce des résultats d'un tirage au sort, effectué le 30 mai par la municipalité, pour le recrutement de huit éboueurs. Mécontentes, 150personnes ont observé séance tenante un sit-in et bloqué le port. Bilan : une centaine de camions chargés de 800 tonnes de poisson sont restés immobilisés. Bilan : des dégâts matériels très importants estimés à 6 millions de DH. Après un report de 24 heures de leur intervention, négociations obligent, les forces de l'ordre ont réussi, en moins d'une heure, à débloquer le port. C'est dans les rues de la ville et sur les hauteurs avoisinantes que les protestations se sont poursuivies.

Les événements et interventions qui s'en sont suivis, ont eu lieu dans la nuit du 6 au 7 juin. Des marches «non autorisées» ont été organisées, émaillées d'actes de vandalisme, des protestants ayant «mis le feu au véhicule de service d'un agent d'autorité, jeté des pierres sur le siège du commissariat de police, dressé des barrières dans des artères de la ville et scandé des incitations à la rébellion». Certains manifestants ont menacé de mettre le feu à une station d'essence. La réaction des autorités ne s'est pas faite attendre. Un effectif total de 1.300 éléments a été déployé. «Ces forces n'ont pas fait usage d'armes à feu», affirme Benmoussa, avant de reconnaître que la force a cependant été utilisée «dans certains cas contre un petit nombre de protestataires qui étaient déterminés à s'opposer à elles». Il consent également que des perquisitions dans certains domiciles ont bel et bien été menées. Bilan des affrontements : 48 personnes ont été légèrement blessées (28 agents de la sûreté nationale et des forces auxiliaires et 20 protestataires), 182 protestataires ont été arrêtés et 10 protestataires ont été présentés à la justice. Le reste a été libéré après signature d'un engagement. Parmi les personnes déférées en jugement, les instigateurs des événements, des personnes en possession de cocktails molotov et d'armes de chasse et une personne qui a reconnu avoir mis le feu à la voiture d'un agent d'autorité.

Qu'en est-il est des cas de viols et de vols de biens des habitants de la ville, signalés par plus d'une association, ainsi que par des personnes qui s'en disent victimes ? «Jusqu'à présent, nous n'avons pas reçu de plainte officielle sur ces sujets», a dit le ministre, marquant sa disposition à ouvrir une enquête en la matière. De même, Benmoussa s'est dit prêt à fournir «les données nécessaires à la Commission d'enquête si sa mise sur pied est décidée par le Parlement». C'est désormais chose faite. Ces déclarations ont été faites le jour même où le Parlement s'est saisi de cette affaire. La chambre des représentants a décidé de constituer cette commission. Objectif, faire le point sur ce qui s'est réellement passé, les événements de Sidi Ifni ayant été marqués par des «informations et rumeurs contradictoires», lit-on dans un communiqué de la Première chambre. La version officielle tranche à bien des égards avec les échos et les témoignages recueillis par des associations comme l'AMDH, qui s'est rendue sur les lieux dès dimanche. L'OMDH entend également lui emprunter le pas.

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

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