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L'Etat marocain punit Al-Jazeera

Après le retrait de l'accréditation de Hassan Rachidi, le directeur du bureau marocain du de la chaîne à Rabat, la rupture entre pouvoirs publics et Al-Jazeera est désormais consommée.

Il fallait s'y attendre. Hassan Rachidi, le directeur marocain du bureau d'Al-Jazeera à Rabat s'est vu retiré son accréditation. Et pour cause, l'information dont il était le relais et selon laquelle les événements de Sidi Ifni se seraient soldés par plusieurs morts. La décision est tombée vendredi dernier. Elle est assortie d'une inculpation pour «diffusion d'une fausse information» et d'une poursuite en justice. Le procès de Rachidi, ainsi que celui du président du Centre marocain des droits de l'homme, Ibrahim Sebaâ El Layl, principale source de la chaîne quant aux événements de Sidi Ifni, démarrera le 1er juillet prochain. Selon le texte de loi, Hassan Rachidi risque entre un mois et un an de prison en plus d'une amende qui peut aller de 1.200 DH à 100.000 DH. En attendant, Rachidi se retrouve, de son propre aveu, au chômage technique, et sans limitation de durée. Lui, se dit surpris par la décision. Sa défense crie au scandale en précisant qu'il aurait au moins fallu attendre le verdict de la Justice pour enclencher une quelconque action. Toute la question est de savoir pourquoi on en est arrivé là. Pour la chaîne, le ministère de tutelle réagit au refus d'Al-Jazeera de présenter des excuses, tel que demandé à plusieurs reprises côté marocain.

Dans un communiqué publié suite à cette demande, la chaîne s'est certes expliquée en affirmant avoir puisé ses informations à partir d'une conférence de presse autorisée et publique, organisée par le même Centre marocain des droits de l'homme. Mais à aucun moment elle ne s'est dite coupable d'une quelconque erreur. Le ministre de tutelle, Khalid Naciri, réfute cette thèse. «M. Rachidi est coupable de graves manquements à ses obligations vis-à-vis du Maroc. Il a délibérément diffusé ces fausses informations, malgré un démenti officiel du ministère de l'Intérieur et au seul motif qu 'une association des droits de l'homme les lui avait communiquées. A ses yeux, cette association est donc plus crédible que le ministère de l'Intérieur marocain, lise trouve qu'aucun pays n 'accepte qu'un journaliste accrédité diffuse de fausses nouvelles. Ce qui justifie notre décision», nous déclare-t-il. Dans un entretien accordé au Soir Echos en fin de semaine dernière, Naciri affirmait pourtant que le retrait des accréditations des journalistes d'Al-Jazeera n'était pas à l'ordre du jour. «C'est le retrait des accréditations des autres journalistes de la chaîne et la fermeture du bureau qui ne sont pas envisagés», rectifie Naciri. Après un bras de fer entamé depuis plusieurs années, le traitement fait par Al-Jazeera des événements de Sidi Ifni signe l'acte de rupture entre le Maroc et la chaîne qatarie.

Sur le risque que l'attitude d'Al-Jazeera, plutôt hostile au Maroc, ne gagne en puissance, cette source au ministère de la Communication se veut sereine. «De toutes les manières, Al-Jazeera ne nous a jamais ratés. Si à l'occasion de l'ouverture du bureau de Rabat, elle a nuancé ses propos sur le Maroc, notamment sur la question du Sahara, elle n'a pas tardé à revenir à la charge. Son parti-pris pour tout ce qui fâche a même été plus prononcé depuis», dit-elle. Et d'ajouter que l'attitude tolérante des pouvoirs publics semble avoir été perçue comme une faiblesse. «Il fallait remettre la chaîne à sa place. Dans un monde arabe complètement hermétique à la liberté d'expression, c'est Al-Jazeera qui a besoin du Maroc et non le contraire», ajoute notre source. La «guerre» entre le média arabe le plus «craint» et les autorités marocaines ne fait donc que reprendre.

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Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

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