Menu

Le ras-le-bol des Marocains d'Espagne

Les Marocains d'Espagne ont organisé une marche dimanche pour dénoncer les dérapages de la police espagnole à Torre Pacheco. Le gouvernement marocain reste muet.

Une riposte claire et nette. Les Marocains d'Espagne sont en colère et ils le font savoir. Dimanche, à Murcie (Est de l'Espagne), ils ont été nombreux à participer à une marche sur la place Saint Augustin, dans un quartier où habite une importante communauté marocaine. Sur leur pancarte, cette inscription : «Egaux en devoirs et en droits, plus de violations». L'indignation est unanime dans les rangs de ces protestataires dont la marche veut dénoncer les dépassements de la police au cours des rafles entreprises vendredi 27 juin dans la localité de Torre Pacheco contre les sans-papiers. «Nous avons demandé une enquête pour déterminer les responsables de ces dépassements policiers que nous dénonçons avec force auprès des gouvernements espagnol et marocain, déclare Kamal Rahmouni, président de l'Association des travailleurs et immigrés marocains en Espagne (ATIME) qui a appelé à l'organisation de cette manifestation. De graves violations ont été commises à rencontre des Marocains dans ce qui devait être «une simple opération de routine». La presse locale a estimé à plus de 1.000 le nombre de personnes qui ont été interpellées suite à cette opération digne d'un scénario hollywoodien à en croire les milieux associatifs. D'après ces derniers, les personnes interpellées ont été privées d'eau, de nourriture et ont été empêchées de communiquer avec leurs proches. Une méthode plutôt musclée pour contraindre les immigrés à adhérer au plan de retour définitif que propose le gouvernement Zapatero. «Le Parti populaire espagnol vient de demander au ministre de l'Intérieur (espagnol) de s'expliquer au Parlement à propos de ce qui s'est passé. Il devra le faire bientôt», indique le président d'Atime. La réaction du PP fait suite à celle du délégué du gouvernement de Torre Pacheco, Gonzalez Tovar, qui avait autorisé cette rafle. Quatre jours après son déroulement, il se montre confus et présente ses excuses devant la presse régionale, qualifiant cette intervention de démesurée.

Gonzalez Tovar a aussi annoncé l'ouverture d'une enquête pour connaître les circonstances dans lesquelles s'est déroulée cette opération. «Si j'avais su que cette intervention allait se dérouler dans ces conditions, avec ce grand nombre de policiers et de cette manière musclée, je ne l'aurais pas autorisée», a-t-il regretté. Mais si des échos se font entendre du côté espagnol, au Maroc, on reste silencieux. «Le gouvernement marocain et les représentations diplomatiques marocaines n'ont toujours pas réagi à ce qui s'est passé, au drame qu'ont vécu les Marocains. Pourtant, c'est sur le terrain diplomatique que ce problème doit être résolu !», s'exclame Kamal Rahmouni qui est aussi membre du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME). Cette instance est donc partie prenante dans le règlement de cet­te situation. «Nous défendons le droit des Marocains à leur dignité et nous sommes à l'écoute d'Atime pour qu 'elle nous fasse ses propositions», déclare Abdellah Boussouf, secrétaire général du CCME. Atime compte, en effet, sur le soutien du Conseil qui peut devenir, dans ce cas précis, un médiateur et même plus, un outil de pression. «A Atime, nous comptons demander au CCME de se positionner, de prendre l'initiative pour dénoncer ce qui s'est passé et surtout d'appeler la diplomatie et le gouvernement à réagir», explique le président d'Atime. Le CCME, étant un conseil consultatif et non un organe exécutif, voit son rôle limité aux propositions. L'engagement du Conseil est une chose acquise comme celui d'Atime de poursuivre son soutien aux Marocains victimes de ces rafles. «Notre soutien se situe à trois niveaux. D'abord juridique, grâce à des avocats qui engageront des poursuites au cas par cas, ensuite politique et médiatique, pour que l'opinion publique soit éclairée sur ce drame», affirme Kamal Rahmouni qui ne désespère pas de voir le gouvernement marocain sortir de son mutisme.

b>Une série d'entretiens

Les membres de l'Association des travailleurs et immigrés marocains en Espagne prévoient dès aujourd'hui à Rabat une série d'entretiens avec plusieurs ministres. Pour le moment, ce sont deux ministres qui ont confirmé la tenue d'une réunion avec l'association : celui chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger, Mohamed Amer, et celui de l'Emploi, Jamal Rhmani. «L'ordre du jour sera consacré à diverses questions liées aux Marocains d'Espagne, à cette politique de retour des immigrés et à leur situation, entre autres. Et la rafle contre les sans-papiers sera, bien entendu, sur la liste des débats», indique Kamal Rahmouni, président d'Atime.

Dès la fin de ses entretiens, jeudi ou vendredi, cette association devra livrer à la presse les résultats auxquels ont abouti ces rencontres.

Leïla Hallaoui
Source: Le Soir Echos

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com