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Maroc - chômage : Le prix à payer pour solidariser le Royaume

Le Maroc a-t-il entrepris le (long) chemin de la construction d’un édifice social avec comme pilier, la création d’un système de protection sociale contre la privation involontaire d’emploi ? Ou comment initier une révolution culturelle et rompre avec l’égoïsme ?

Comment ? En «tricotant» un filet social dédié à soutenir et accompagner les demandeurs d’emploi avec la mise en place d’une caisse de solidarité nationale (sous la forme de l’UNEDIC en France) et destinée à garantir une indemnité de perte d’emploi. Dans le cadre d’un licenciement sec, d’un licenciement économique, d’une séparation à l’amiable et même parfois dans le cas d’une démission du salarié.

Pour le Maroc, les promoteurs du projet sociétal (ministère de l’Emploi, Caisse Nationale de Sécurité sociale, organisations d’employeurs et syndicats de salariés) ont tranché sur un point. Seuls les demandeurs d’emplois en rupture suite à un licenciement économique seront éligibles pour bénéficier de l’Indemnité de perte d’emploi (IDE), pour une durée limitée dans le temps à 6 mois.

Voilà pour le volet «tranché» par les différents acteurs. Pour le reste, il faudra se montrer patient, très patient,… En effet, les problématiques et difficultés sont légions. Si les partenaires sociaux ont (bien) accueilli l’offre (qui découle d’un discours royal à la nation), il n’en reste pas moins que des zones d’ombre persistent.

Qui va prendre en charge les modalités de paiement ? Modéliser le modèle français (étant donné la proximité entre l’architecture administrative française et marocaine) avec la prise en charge d’une quote-part de 1/3 pour le salarié et de 2/3 pour l’entreprise ? Est-ce la solution ? La conjoncture sociale est-elle propice à cela ?

Dès lors, cela sous-entend que la communauté composée des « Marocains qui se lèvent tôt » devra consentir à un effort financier important. Comme du reste, le monde de l’entreprise…citoyenne.

De plus, il s’agira de confectionner un mode de calcul pour les indemnités qui soit à la fois juste, transparent et équitable. Un vrai casse-tête marocain pour la matière grise qui œuvre sans relâche et en vain pour neutraliser les inconnus aux équations posées.

Exemple. Comment indemniser un salarié qui percevait un salaire mensuel de l’ordre de 2 000 Dh de celui dont le salaire est de 20  000 Dh (cadre sup’) ? Forfait, forfait plafonné, pourcentage du salaire précédent ?
Et comment assurer (et garantir) longue vie au premier système de protection sociale au Maroc ? «Des gardes fous s’imposent», indiquent une source bien informée du dossier.

Est-il utile de préciser que les acteurs de l’économie informelle ne sont pas concernés. Même si l’Etat ambitionne au travers de la mise en place de ce filet social de créer une passerelle qui permettra aux salariés non déclarés de rejoindre la communauté de travailleurs...déclarés.

Mais ce n’est pas tout. La question centrale repose sur la volonté (et la capacité) de la population à adhérer à cette initiative quelque peu révolutionnaire. Tout d’abord car c’est une première. Puis, elle s’offre le «luxe» de bousculer l’ordre social établi.

En clair, Le Maroc souhaite vivre avec son temps. En est-il de même pour tous ? Pas si sûr…

Rachid Hallaouy
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