Menu

Un couple espagnol sort un village marocain de sa torpeur


Souvenez-vous : le 25 octobre 2003, une barque de clandestins marocains qui tentaient la traversée vers l'Espagne échoue au milieu de la Méditerranée. Résultat : seuls 5 des 58 passagers à bord sont sauvés. Parmi les 37morts qu'a rendus la mer, 12 jeunes tous originaires du même village : Hansala, situé dans une région montagneuse très pauvre à proximité de Béni Mellal.

Depuis 2003, aucun villageois n'a plus tenté de passer. Et pour cause: une ONG espagnole, «Solidaridad directa», a complètement changé la face de ce village réputé être un bon fournisseur de clandestins. L'ONG a été créée par un couple espagnol. La vie de Rafaël et de Violeta Cuesta a changé le matin où ils ont découvert, sur la plage à côté de leur maison du sud de l'Espagne, le corps de ces 37 malheureux. «Nous avons été très choqués, mais aussitôt nous avons pensé à leur famille de l'autre côté», déclarent-ils à la BBC, qui a réalisé un reportage sur leur initiative.

Le couple décide alors de se rendre à Hansala avec pour objectif d'aider les familles à rapatrier les corps. Ce ne fut pas du tout facile. Les habitants, pauvres mais généreux avec leurs hôtes, peinent à donner leur faire confiance. «Les familles des victimes hésitaient à parler car elles pensaient que nous étions du gouvernement espagnol et que nous allions leur demander de l'argent pour rapatrier les corps», se rappelle le mari. Mais petit à petit, et après plusieurs allers-retours entre l'Espagne et le Maroc, le couple réussit à installer une relation de confiance. Les corps ont pu être rapatriés, mais le couple voulait aller plus loin. Ils fondent leur association qui ambitionne de sortir le village de sa torpeur. Durant les vacances, seulement avec leurs économies et l'aide des villageois, ils améliorent les conditions de vie dans le village.

L'ONG construit un dispensaire médical et restaure l'école du patelin. Ils installent un système de bourse équivalent à ce que gagne un enfant dans les champs. Objectif : compenser le «manque à gagner» pour les villageois dont les enfants travaillent. «Un médecin vient maintenant deux fois par semaine. Les enfants vont à l'école et nous avons créé une association pour améliorer la condition des femmes. Nous organisons des ateliers pour apprendre aux femmes comment mettre des fruits en conserves. La vente de ces produits sur le marché leur permettra de gagner un peu d'argent», explique Saïd, un des bénéficiaires et aujourd'hui le correspondant local de «Solidaridad directa».

Zakaria Choukrallah
Source: Le Soir Echos

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com