Le CCME déplore la discrimination des musulmans en Europe

«Même si tous les pays européens sont dotés de constitutions, qui garantissent toutes les libertés dont celle du culte, il existe encore un grand fossé entre la théorie et le vécu quotidien, qui reste marqué par des discriminations visant les membres des communautés musulmanes dans ces pays», souligne le SG de cette instance Ahmed Boussouf lors de la clôture d'une rencontre internationale à Fès sur le «Statut juridique de l'islam en Europe». Boussouf a appelé les pays européens à agir pour changer les stéréotypes sur l'islam véhiculés dans les médias et les programmes scolaires européens, à aider à la construction de lieux de culte décents pour ces communautés religieuses et à promouvoir toutes les initiatives visant à faire mieux connaître l'islam dans la société.

Pour le président du CCME Driss El Yazami, tout le monde, chacun à son niveau, est témoin et acteur d'un «processus historique inédit, celui de l'enracinement de l'islam dans des sociétés pluralistes et profondément sécularisées et toutes attachées, quelle que soit leur tradition nationale spécifique, à une même laïcité culturelle européenne». Il a affirmé que les sociétés européennes, l'une après l'autre, connaissent une diversification de plus en plus évidente qui se fait à un rythme historique accéléré, transformant de manière essentielle le paysage religieux et culturel de ces pays. Induits par les vagues successives de l'immigration, les mouvements de population de ces dernières décennies ont transformé le
visage de l'Europe, a-t-il souligné.

Revenant sur la Belgique qui se définit comme un Etat non confessionnel, le directeur du Centre interdisciplinaire d'études de l'islam dans le monde contemporain, Felice Dassetto, a affirmé que la formation en Europe des futures générations et des leaders de la communauté musulmane représente le plus grand défi auquel l'islam est confronté. Malgré certaines difficultés, l'islam s'est doté dans ce pays d'une importante infrastructure, de mosquées et d'imams pour permettre aux fidèles de s'acquitter de leur devoir religieux, a-t-il dit. Concernant l'Espagne, Jaime Rossel Granados, professeur de droit ecclésiastique, a fait savoir que l'évolution du statut de l'islam est handicapée surtout par l'absence d'une représentation pouvant jouer le rôle d'interlocuteur unique de l'Etat. Même constat dans d'autres pays tels que l'Italie, où vivent plus d'un million de musulmans issus de différents pays.

Selon ses initiateurs, cette première rencontre se veut un forum de dialogue et d'échanges d'expériences pour établir un premier état des lieux de la situation juridique du culte musulman au sein des pays européens marqués par une «laïcité culturelle», de porter un regard croisé sur leurs expériences et d'analyser les avancées, les défis et les contraintes en la matière.

Amine Seghir
Source: Le Soir Ecbos