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Nouvelles dissensions au sein du Conseil français du culte musulman

La crise des otages français en Irak suscite une nouvelle fracture, inattendue, au sein du CFCM, le Conseil français du culte musulman.

La concorde qui avait présidé à la tournée d'une délégation de cette instance au Proche-Orient vient ainsi d'être mise à mal par l'initiative solitaire du président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), Mohammed Bechari, qui a multiplié ces derniers jours les contacts au Liban et au Qatar.

Ce cavalier seul a été fort mal pris par le président du CFCM, Dalil Boubakeur, qui menace désormais de ne pas participer aux prochaines élections du conseil de ce culte, prévues en avril 2005.

Hier, à l'issue de leur réunion, Dalil Boubakeur et les représentants de la Grande Mosquée de Paris ont fait part de leur «consternation» en découvrant que Mohammed Bechari avait rencontré au Qatar Abassi Madani, ancien leader du FIS, ce Front islamique du salut qui fut au coeur de la guerre civile algérienne.

Dans un communiqué, la Grande Mosquée de Paris, fédération soutenue par le pouvoir algérien, «condamne fermement la démarche irresponsable de Mohammed Bechari, qu'ils ont ressentie comme une provocation à leur endroit et à celui des nombreux musulmans de France qu'elle représente».

Vice-président du CFCM, M. Bechari, par ailleurs président de la FNMF, une fédération soutenue par le Maroc, a tenté de désamorcer cette crise, en soulignant qu'il «ne partage aucun projet avec M. Madani» dont il «n'a jamais soutenu les actes».

«Il s'avère, a indiqué M. Bechari à l'AFP, que je suis dans le même hôtel que celui où M. Madani réside ; alors, quand j'ai appris qu'il entamait une grève de la faim en solidarité avec les otages, j'ai personnellement jugé que cette initiative devait être encouragée.»

Ces premières explications risquent de ne pas clore la polémique qui couve sur le rôle joué par certains responsables du culte musulman français dans la crise des otages.

Si leur condamnation unanime et rapide de l'enlèvement des deux journalistes a maintes fois été saluée, leur implication dans une diplomatie parallèle, dont on ne sait exactement jusqu'où elle a été conduite en liaison avec le Quai d'Orsay, suscite encore quelques interrogations.

A cet égard, l'actuel voyage de M. Bechari, qui vient de rencontrer le président libanais – auquel la France reproche de vouloir se maintenir au pouvoir avec l'aide des Syriens –, ne manque pas de nourrir certaines supputations.

Le second motif d'insatisfaction du président du CFCM tient au refus des autres fédérations du CFCM de changer les règles électorales de cette instance, dans laquelle M. Boubakeur et ses troupes de la Grande Mosquée de Paris risquent fort d'être un peu plus marginalisés lors du scrutin de 2005.

Le tout concourt à ce que M. Boubakeur nomme «l'absence de gestion sereine du culte musulman en France», une organisation sur laquelle Mohammed Bechari, président de la FNMF, et l'UOIF, proche des Frères musulmans, ont, à l'occasion de la crise des otages, affirmé un peu plus leur emprise.

Thierry Portes
Source : Le Figaro

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