Référendum : Les Franco-marocains étaient partagés comme la France

Rachida Belliard 47 ans, Directrice d'entreprise - Paris
«J'ai voté "oui". Mais les Français ont voté «Non» à l'immigration»

Je suis déçue aujourd'hui de voir que le " non " l'a emporté. Je pense que cela confirme le fait que les Français se sont arrêté au niveau politique intérieur et non pas voté " l'Europe ".

Comme je l'avais dit avant, il y a une part de responsabilité qui doit être endossé pour nos politiciens qui ont mené une campagne politico-politicarde, au lieu de s'atteler à sensibiliser les Français sur les bénéfices de l'Europe.

Dans ce débat, les journalistes aussi sont coupables. Jusqu'à la dernière minute, ils ont passé leur temps à demander qui va reprendre la tête de l'UMP ou du PS après l'annonce des résultats au lieu d'éclairer les gens.

Je suis donc vraiment outrée par ce qui s'est passé. Je pense aussi que ce vote sous-entend un " non " pour l'Europe.
Car même si les immigrés français ne sont pas directement visés par ce vote sanction, il n'en reste pas moins, que les politiciens n'ont pas fourni d'efforts pour montrer l'immigration en France comme richesse, ce qui a poussé les Français a voté non contre une nouvelle immigration qu'ils ont peur de voir arriver de la Turquie.


Jamila Regragui 28ans, Gestion de projet - Paris
«C'est au gouvernement que j'ai dit «Non»»

Mon vote était contre le gouvernement, donc je ne suis pas spécialement satisfaite car on a rejeté le Traité constitutionnel européen, mais plutôt car j'ai fait entendre ma voix. Je savais d'avance, d'après la presse et les sondages que le " non " avait une grande chance de l'emporter, donc je ne suis pas très surprise.

Surtout que souvent les médias mettaient en exergue l'insatisfaction des Français vis-à-vis de notre gouvernement.

Parmi ceux qui ont voté " non ", il doit y en avoir qui ont voté en parfaite connaissance de cause, et d'autres plus pour exprimer leur rejet de la politique intérieur et contre le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.

Il y'en a certainement aussi qui ont voté contre l'adhésion de la Turquie, mais je ne pense pas que tous ceux qui ont voté " non " sont du même avis que Le Pen ou De Villiers.


Aziz Senni 28 ans, chef d'entreprise Mantes-La-Jolie
«Des immigrés maghrébins ont dit «Non» à des immigrés polonais»

Je ne peux qu'exprimer ma déception aujourd'hui face à ce résultat. Je pense que les Français n'ont pas su pourquoi ils votaient. Dans mon entourage à Mantes-La-Jolie, beaucoup de jeunes disent qu'ils ont voté " non " pour exprimer leur ras-le-bol vis-à-vis du gouvernement, et non pour ou contre le traité constitutionnel européen.

C'est dommage de voir régner cette confusion. Des jeunes d'origines immigrés m'ont même dit qu'ils voteront " non" pour des Polonais ne viennent pas leur prendre leurs travail.

Cela me rappelle le discours d'autres Français, accoudés dans les bistrots, pendant les années 60 et parlant de nos parents.

Je pense que ce dimanche a marqué un rendez-vous raté avec l'Europe.
Alors que celle-ci aurait pu nous apporter beaucoup à mon sens.
Concernant la suite des événements, je pense que les Français se surestiment beaucoup.

L'Europe ne va pas les attendre. Surtout si tous les autres pays ratifient le traité et qu'on est le seul cas isolé. Nous ne pourrons plus prétendre à autant d'aides européennes puisque nous venons de dire " non " à l'Union.


Brahim Lachgar, 58 ans, épicier - Clichy
«Incapable de choisir entre le «Oui» et le «Non», je n'ai pas voté»

J'étais pourtant décidé à voter ce dimanche mais finalement je ne l'ai pas fait. D'un côté car j'avais bien vu que le " non " l'emportait dans les sondages et que donc ma voix à moi n'allait pas changer grand-chose. J'avais plutôt raison.

Mais d'un autre côté, j'avais essayé de voir à la télévision éventuellement ce que nos politiciens pouvaient dire pour expliquer ce qui se passe à des gens comme moi qui ne sont pas très informés sur la Constitution et j'ai plutôt été déçu par leurs discours.

A aucun moment je n'ai réellement compris pourquoi est ce qu'on m'invite à voter " oui ". Les choses ressemblaient plus à une bataille politique, une de plus, entre la gauche et la droite.

L‘une comme l'autre était divisée. Alors j'ai décidé de ne pas me rendre aux urnes, quitte à m'attirer les foudres de mes enfants.

C'est selon les saisons. Des fois on nous dit que l'Europe est responsable de tous nos maux, et maintenant on nous invite à lui dire " oui ". Je ne comprends plus rien. Et moi tant que je ne comprends pas je ne vote pas.

Donc je ne suis ni satisfait ni déçu après ce vote, mais encore une fois ce sont mes enfants qui vont en débattre encore longtemps à la maison.

Aziza Nait Sibaha
Source : Le Matin