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La direction de l'UOIF en pleine crise

L'organisation fondamentaliste pourrait perdre la région parisienne aux élections du Conseil français du culte musulman

L'UOIF, qui faisait figure d'ogre fondamentaliste, chancelle, sonnée par des coups venus de toutes parts. Groggy, ses deux hérauts, Lahj Thami Breze et Fouad Alaoui – respectivement président et secrétaire général de cette Union des organisations islamiques de France – vont tenter d'obtenir aujourd'hui, lors de la réunion du Conseil français du culte musulman (CFCM), la disqualification d'une liste concurrente dans la région parisienne. Ce afin d'alléger la sévère sanction électorale que paraît leur réserver le scrutin du 19 juin prochain, quand seront renouvelées les instances officielles de l'islam de France.

Lors du dernier et premier scrutin organisé en 2003, l'UOIF avait emporté la présidence de la région regroupant les mosquées de Paris et celles recensées dans les départements des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne et de Seine-Saint-Denis. Lahj Thami Breze, président de l'UOIF, s'était saisi des commandes de cet exécutif régional si convoité, tandis que son compère Fouad Alaoui partait à la direction nationale du CFCM.

Cette victoire n'avait été obtenue qu'au prix d'une obscure bataille juridique. Celle-ci, soutenue par le ministère de l'Intérieur, avait permis, avant le scrutin, d'écarter une liste de mosquées indépendantes de Seine-Saint-Denis, le département où est installé le siège de l'UOIF.

Bis repetita. «Nous sommes repartis avec la même idée», admet Fayçal Menia, l'un des animateurs de l'UAM 93, l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis qui, en 2003, avait vu son entreprise électorale disqualifiée juridiquement. Cette fois-ci, la liste de l'Alliance des musulmans indépendants d'Ile-de-France regroupe les mosquées membres de l'UAM 93 – entre autres celles de Montreuil, Aubervilliers, Pré-Saint-Gervais – et la Ffaiaca, la Fédération française des associations islamiques d'Afrique, des Comores et Antilles, fédération partie prenante du CFCM. «L'UOIF est devenue folle, car elle sait qu'elle ne peut plus gagner la région, alors qu'elle est aux abois», commente Assani Fassassi de la Ffaiaca, qui vient d'obtenir 25 délégués au titre des salles de prières sises dans les foyers africains.

Perdre la région Ile-de-France serait une catastrophe pour la fédération fondamentaliste, alors qu'elle se trouve attaquée sur plusieurs fronts. Par une partie de sa base électorale, ces jeunes qui, à l'instar de Yamin Makri, vitupèrent les «nouveaux notables musulmans de la République» prêts à toutes les «compromissions». Et par la Mosquée de Paris, proche de l'Algérie, et, surtout, par la FMNF, fédération téléguidée par le Maroc. Une alliance électorale entre Algériens, Marocains et indépendants pourrait coûter cher à l'actuelle direction de l'UOIF dont l'«entrisme» au CFCM a déçu ses supporters les plus intransigeants.

Thierry Portes
Source : Le Figaro

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