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Une famille franco-marocaine porte plainte contre la DST


Placés durant trois jours en garde à vue après une interpellation musclée, un père et son fils ont déposé plainte, jeudi 11 août, contre le directeur de la direction de la surveillance du territoire (DST). Les faits remontent au 26 juillet. A 6 heures, dépêchés par le juge Jean-Louis Bruguière, des policiers du groupe d'intervention de la police nationale (GIPN) et des membres de la DST font irruption au domicile d'une famille franco-marocaine, à Wervicq-Sud, une petite commune de la métropole lilloise.



Ils immobilisent le père, Mohamed Adachour, et fouillent la maison. Face aux questions de la famille, ils font allusion à une complicité dans les attentats de Madrid de mars 2004. L'opération se déroule sous l'oeil d'une caméra de France 2 et d'un photographe de l'Agence France-Presse.

A 8 heures, le commando repart en embarquant M. Adachour et son fils de 20 ans, Ahmed. Tous deux passent trois jours en garde à vue dans les locaux de l'antenne locale de la DST. Lorsqu'ils en ressortent, ils apprennent qu'aucune charge n'est retenue contre eux.

VOYAGE AU MAROC

Aujourd'hui, la famille ne comprend toujours pas. "Ils étaient trente à trente-cinq, cagoulés et surarmés, lorsqu'ils ont pénétré chez nous" , se souvient Ahmed. Selon les deux hommes, la garde à vue a été à l'image de l'intervention : gifles, menaces, positions inconfortables, propos désobligeants. Le père, cardiaque, doit rester debout. Le juge Bruguière, qui a fait le déplacement à Lille, le prévient qu'il "peut l'envoyer au Maroc ou en Espagne, où les lois sont plus dures" .

"Les policiers voulaient tout savoir , raconte Ahmed. Qui nous fréquentons, comment est l'imam de notre mosquée, pourquoi j'ai fait un stage de boxe thaïe en Thaïlande. Ils m'ont demandé si je connaissais les cinq piliers de l'islam et si je faisais la prière. Ils connaissaient déjà toutes les réponses."

En fait, l'opération semble avoir été motivée par un voyage de la famille Adachour au Maroc, en 2000, pour assister au mariage d'un oncle. Les Adachour y avaient rencontré un cousin éloigné avec lequel il y avait eu échange de coordonnées. Or ce cousin aurait été mêlé aux attentats de Madrid. Durant l'enquête, les policiers ont retrouvé le numéro de téléphone de la famille. Par ailleurs, Ahmed Adachour aurait intrigué les enquêteurs madrilènes en livrant, en mars, une voiture à son oncle, en Espagne.

L'avocat des deux hommes, Franck Berton, crie à l'opération de communication et dénonce la violation du secret professionnel et du secret de l'instruction : "La DST, en tant que service enquêteur, était titulaire d'une information confidentielle : l'identité des gens que l'on allait interpeller, ainsi que le jour et l'heure. La personne qui a informé France 2 détenait l'information de par ses fonctions professionnelles. Enfin, le secret de l'instruction a été violé puisque la DST tenait sa mission du juge Bruguière."

Mohamed et Ahmed Adachour ont donc déposé plainte contre le directeur de la DST, Pierre Bousquet de Florian, et contre X... L'avocat et ses clients réclament au moins des excuses de Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur. Mais le traumatisme demeure. "On nous montre du doigt , affirme Ahmed Adachour. Et j'ai besoin de consulter un psy."

Source: Le Monde

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