Péage de Villefranche: un athlète international marocain avec de l'EPO

Les Douaniers ne s'y attendaient certainement pas. Mercredi soir dernier, installés pour un contrôle au péage de l'autoroute A 6 de Villefranche-Limas, ils ont trouvé dans un véhicule un sac contenant dix seringues d'EPO, deux flacons d'érythropoéïtine de marque Eprex, ainsi qu'une boîte d'Unatrope, une hormone de croissance. Le conducteur et son passager, deux athlètes de haut niveau, ont été interpellés.

Après une garde à vue dans les locaux du peloton d'autoroute, Mustapha Tantan, le passager, a été mis hors de cause. Originaire du Maroc, licencié au club de Monaco, il est classé sur la liste des athlètes de haut-niveau dans la catégorie espoir.

Le conducteur, Aïssa Dghoughi, a lui été mis en examen pour transport, acquisition et détention de produits stupéfiants.

International marocain d'athlétisme, le jeune homme de 23 ans, licencié au club de Reims, présente un joli temps de référence de 29mn06s63c au 10 000m. Il avait d'ailleurs terminé quatrième des championnats du monde juniors en 2000.

Aïssa Dghoughi, originaire de la région d'Ifrane au Maroc, lieu d'entraînement réputé pour les athlètes, aurait reconnu que les produits lui appartenaient.

Il aurait expliqué aux enquêteurs du peloton autoroutier de la brigade des recherches de Villefranche avoir acquis les produits à Paris, dans le voisinage d'un centre médico-sportif proche de la gare Saint-Lazare.

Il les aurait achetés à un homme qu'il ne connaissait pas, dans le but de soulager ses douleurs, consécutives à une déchirure aux ischios-jambiers qu'il essayait de soigner depuis près de deux ans.
Comparution dès le 1er mars

« On n'est pas dupe » a confié le procureur de Villefranche Francis Battut. « C'est la trousse de celui qui fait usage de produits dopants que l'on a retrouvée ».

Contacté hier, un praticien spécialiste en médecine du sport confirme que « ces produits n'interviennent en rien dans le traitement des douleurs musculaires. Ils sont connus pour favoriser la récupération, le gain de masse musculaire et la capacité maximale aérobie ».
« Dghoughi avait été un des meilleurs espoirs marocains » témoigne un athlète. « On savait qu'il traînait une blessure qu'il n'arrivait pas à soigner depuis des mois. Il a fait le tour des médecins ».

Le Marocain comparaîtra le 1er mars devant le tribunal correctionnel de Villefranche pour infraction à la législation sur les stupéfiants.
Aucune information judiciaire n'a été ouverte suite à la découverte des douaniers. « J'ai fait le choix d'une réponse judiciaire rapide » commente le procureur Francis Battut.

« II n'y aura pas d'investigations particulères, cela serait trop aléatoire quant aux résultats. »

François Guttin-Lombard
Source : Le Progrès