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Saïd Aouïta conseille à Hicham El-Guerrouj d'arrêter

Saïd Aouïta, champion olympique sur 5.000 m en 1984, grand coureur de demi-fond des années 1980, espère que Hicham El-Guerrouj saura mettre un terme à sa carrière avant la course de trop.

Consultant sur la chaîne de télévision Al Djazira, le Marocain avoue "avoir suggéré à El-Guerrouj d'arrêter". Désormais, il voit "Ramzi, comme le nouveau roi du demi-fond".

Toujours passionné d'athlétisme, Saïd Aouïta, 46 ans, reconnaît "très sincèrement être content d'avoir fait de l'athlétisme à (son) époque. Aujourd'hui, j'aimerai retrouver cet athlétisme humain, j'aimerai voir des humains qui courent".

"Aujourd'hui, les performances sont incroyables, venues d'une autre planète. Résultat, elles génèrent des tas de questions donc de la suspicion qui ternissent notre sport et qui courront à sa perte", s'inquiète le champion du monde sur 5.000m en 1987.

Pour Saïd Aouïta, la Fédération internationale d'athlétisme doit agir "au plus vite pour changer ce systématique lien, de plus en plus justifié, que font les gens entre performance et dopage. A cause de ce lien, les parents ne souhaitent pas que leurs enfants fassent de l'athlétisme en dehors de l'école".

"LUTTER PLUS EFFICACEMENT CONTRE LES TRICHEURS"

Père de quatre enfants dont Adil, 11 ans, valant déjà "moins de 56 secondes au 400m et moins de deux minutes au 800m", Saïd Aouïta est le premier à affirmer que "tant que l'athlétisme ne sera pas redevenu propre, je ne veux pas que mes enfants fassent de l'athlétisme au haut niveau".

Alors, le Marocain, qui vit entre les Etats-Unis et Doha au Qatar, lance deux idées.

"L'IAAF doit lutter plus efficacement contre les tricheurs. Et l'IAAF doit aussi changer cette image de l'athlétisme en donnant une autre vision plus axée vers la compétition que vers la performance", dit-il.

"Il est faux de croire que des performances élevées font de belles compétitions. On peut avoir de belles compétitions, de beaux duels sans performances élevées."

A Helsinki, cet ancien champion attend "surtout avec impatience la finale féminine de la perche : un concours à taille humaine avec des jeunes femmes qui ressemblent à des jeunes femmes".

"Aux Jeux d'Athènes, je misais tout sur Medhi Baala. Et il n'a pas passé les séries. En arrivant à Helsinki, j'aurais misé un million de dollars sur lui. Mais après sa série gagnée en 3'36", j'ai compris qu'il n'irait pas en finale.

"Baala est un athlète exceptionnel. Mais il manque d'intelligence en course : il ne sait pas établir de stratégie et il ne sait pas prendre ses responsabilités. Donc pour l'instant à mes yeux, il n'a pas montré qu'il était un athlète de grand championnat, juste un athlète de meeting", assène Aouïta.

"A mon avis, Baala doit changer son environnement pour être encore plus professionnel dans son approche des grands championnats. Comme il est encore jeune, s'il sait s'y prendre dans les deux ans qui viennent, il peut devenir recordman du monde, champion du monde en 2007 et champion olympique en 2008".

RAMZI, "JE ME SUIS RECONNU EN LUI"

Pour Saïd Aouïta, la fin de la carrière exceptionnelle d'Hicham El-Guerrouj, 31 ans, quatre fois champion du monde sur 1.500 m, semble très proche.

"Hicham, il a tout fait, tout gagné. A 31 ans, je lui ai moi-même dit qu'il était tant qu'il arrête. Sinon, il risque d'écorner son image, de ne plus montrer du grand El-Guerrouj. Cela serait dommage de finir ainsi.

"Désormais, Hicham doit aider la Fédération marocaine d'athlétisme pour tenter de ramener des jeunes vers notre sport. Aux derniers championnats du monde cadets, le Maroc a fait zéro médaille. Il faut donc agir."

Arrivé sur le devant de la scène aux championnats du monde à Helsinki en 1983, avec une médaille de bronze sur 1.500 m, Saïd Aouïta est donc particulièrement touché par le couronnement de Rashid Ramzi sur 1.500 m.

"Beaucoup de gens disent depuis longtemps qu'il s'agit du nouveau Aouïta, qu'il court comme moi avec la même vitesse, le même style. La première fois que je l'ai vu, effectivement, je me suis reconnu en lui", avoue l'ancien champion.

"Même ma femme, qui a suivi la finale à la télévision, m'a téléphoné dans la foulée pour me dire sa surprise devant tant de ressemblances. D'ailleurs, il pourrait presque être mon fils puisque j'ai une fille de bientôt 19 ans.

"Pour moi, Ramzi est le nouveau roi du demi-fond, le successeur d'Hicham El-Guerrouj."

Source: Libération

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