Menu

La refonte du football marocain se fait attendre

La Fédération a noyé le poisson en focalisant le débat sur le choix d'un nouvel entraîneur. La refonte du football national n'aura pas lieu, du moins dans le futur proche.

Le débat suscité par l'élimination sans gloire de l'équipe marocaine à la 26e édition de la coupe d'Afrique des Nations a vite cédé la place dans les colonnes de la presse nationale à des spéculations sur le nom du futur entraîneur des Lions de l'Atlas, laissant de côté le vrai sujet : la refonte du football. Aucune mesure prioritaire n'est annoncée pour le moment. L'ensemble des sujets abordés lors de cette élimination et les critiques sur la gestion de la fédération sont restés lettres mortes. Au lieu d'ouvrir ces chantiers, le bureau fédéral a préféré se concentrer sur le choix d'un entraîneur comme si tous les maux de notre football seront résolus une fois que l'heureux élu aura débarqué.

Ils oublient que, quel que soit le nouveau sélectionneur, il risque de connaître le même sort si les ténors de la politique de notre football continuent à adopter l'attitude de l'autruche, refusant de voir de près la réalité. Il n'y a qu'à regarder le niveau des clubs marocains qui disputent les compétitions continentales. Chaque année, nos clubs, même les plus prestigieux, les quittent prématurément. A chaque désillusion, on accuse l'arbitrage, l'état de la pelouse, le climat…, mais jamais notre niveau assez moyen par rapport aux autres pays du continent. En s'attelant au choix du nouvel entraîneur, la fédération a noyé le poisson en changeant de débat.

Elle est soutenue dans cet exercice par certaines plumes qui rapportent chaque jour les noms d'entraîneurs pressentis pour être à la tête des Lions de l'Atlas. Aucun projet pour les cinq ou dix prochaines années n'a été mis sur la table pour être débattu.
Le pire c'est que cette fédération a réduit le football à la seule équipe nationale A, au lieu de l'inscrire dans une démarche citoyenne. Rien n'est fait pour imposer une gestion transparente des clubs, ni pour combattre la violence dans les stades. En parallèle, la FRMF doit mettre le paquet pour assurer la formation des encadreurs qui vont s'occuper de la formation des jeunes.

Certes, l'équipe A est la vitrine du football national, mais celle-ci ne sera jamais performante si on ne prend pas en considération l'ensemble des paramètres précités. A quoi bon aller chercher un nouvel entraîneur alors que toutes les raisons de l'élimination ne sont pas analysées et disséquées pour en tirer des leçons et éviter, dans le futur, de commettre les mêmes erreurs deux fois d'affilée. On ne le dira jamais assez, il faut de vrais visionnaires pour repenser une nouvelle politique sportive au Maroc en mesure de nous propulser au devant de la scène continentale et internationale.

L'erreur n'est pas de tomber, mais de ne pas pouvoir se relever une fois par terre. La nomination d'un nouvel entraîneur ne doit pas fermer la porte à la modernisation de nos instances qui sont appelées plus que jamais à être plus que performantes pour redorer le blason de notre football terni par de nombreuses désillusions. Un séminaire sur l'état de santé du ballon rond au Maroc avec les participations des spécialistes marocains et étrangers serait
le bienvenue afin d'établir son diagnostic exact et préparer les remèdes. Rien ne se fait au hasard. Tout est étudié, planifié pour atteindre les sommets.

La France en est le parfait exemple. Méconnaissants sur le plan footballistique dans les années 60-70 et même 80, les Français sont parvenus, au bout de 15 années de travail acharné, à hisser leur football au sommet. Entre 1998 et 2006, les Tricolores ont gagné une coupe du monde, une coupe d'Europe des Nations, et sont vice-champions du monde. Qui dira mieux. Il n'y a plus de temps à perdre.

Il faut que nos dirigeants, s'ils s'estiment encore capables d'apporter quelque chose, s'attèlent au travail, au lieu de faire l'autruche. Sinon, ils devront passer le relais à d'autres personnes capables d'enclencher la dynamique, sans tambours ni trompettes.

Les pressentis
Cinq noms sont pressentis pour succéder à Henri Michel à la tête de la sélection nationale. Il s'agit de Fathi Jamal, directeur technique nationale, Mohamed Madih, actuel coach des FAR, et Rachid Taoussi, ex-entraîneur national de l'équipe Junior championne d'Afrique en 1997 et actuel entraîneur du MAS, apprend-on auprès d'une source proche du dossier.

Deux autres techniciens marocains ont également déposé leurs candidatures pour prendre en main les Lions de l'Atlas : Badou Zaki, ex entraîneur national et Aziz Amri, actuel technicien de KACM, qui a conduit l'équipe olympique lors des jeux Olympiques de Sidney.
Si ces hypothèses sont confirmées ceci reviendrait à dire que la FRMF a cédé à la pression de la rue qui réclame la nomination d'un entraîneur national.

Abderrahman Ichi
Source: Le Matin

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com