Afrobaromètre : «23% des Marocains âgés de 18 à 25 ans pensent beaucoup à émigrer»

L’Afrobaromètre, un réseau de recherche panafricain qui mène des enquêtes d'opinion publique sur plusieurs questions liées à l’Afrique, a publié mardi son enquête sur la migration en Afrique. Menée dans 34 pays du continent, l’étude basée sur des sondages réalisés en tête-à-tête, révèle plusieurs chiffres sur la volonté des jeunes africains d’émigrer, dont les Marocains.

Ainsi, selon l’édition 2019 de cette enquête, 23% des jeunes Marocains âgés de 18 à 25 ans pensent beaucoup à émigrer, face à 13% de cette même catégorie qui affirment penser «quelque peu» à cette idée, 21% qui déclarent y penser «un peu» et 43% qui disent ne pas du tout penser à cette idée.

Pour les 26-35 ans, ceux qui ne pensent «pas du tout» à émigrer représentent 56% face à 16% des répondants de cette catégorie qui songent «beaucoup» à émigrer. Deux taux qui évoluent, respectivement à la hausse et à la baisse, pour les catégories 36-45ans, 46-55 ans, 56-65 ans et 66+ans.

Les Marocains émigrent pour la quête de travail ou à cause de la pauvreté

L’enquête de l’Afrobaromètre indique que généralement, 13% de Marocains pensent «beaucoup» à émigrer, au moment où la moyenne des 34 pays africains où l’enquête a été menée s’élève à 18%. De plus, 23% de Marocains ont «quelque peu ou un peu» pensé à émigrer contre 28% d’Africains et que 64% n’ont «pas du tout» cette idée, un chiffre qui reste proche de la moyenne africaine (63%).

Le document indique que 3% de Marocains affirment être en train de préparer, de planifier ou de se préparer à émigrer et 7% déclarent l’intention de le faire d’ici un ou deux ans.

Pour les destinations favorites, «une poignée seulement de potentiels émigrants en Afrique du Nord resteraient dans la région ou sur le continent», poursuivent les rédacteurs de l’enquête, précisant que 1% seulement de potentiels émigrants marocains déclarent qu’ils pourraient rester dans la région. «En lieu et place, l'Europe est la destination la plus populaire pour une majorité au Maroc (68%) et en Tunisie (58%)», enchaînent-ils. De plus, 15% de Marocains citent l’Amérique du Nord comme destination favorite pour émigrer contre 14% pour d’autres pays dans le monde. Un résultat qui contraste avec les réponses des autres personnes sondées issues de pays subsahariens comme ceux de l’Afrique centrale (30%) qui préfèrent émigrer dans la région, et donc rester sur le continent africain.  

Toujours selon l’Afrobaromètre, 53% des Marocains envisageant d’émigrer citent «la quête de travail» comme la principale motivation, tandis que 13% attribuent cette volonté à la pauvreté et aux difficultés et 10% la justifie par l’envie de poursuivre leurs études.

Les jeunes et les instruits les plus susceptibles de penser à émigrer

L’enquête précise aussi que «23% des Marocains dépendent un peu, quelque peu ou beaucoup des transferts de fonds provenant de l’étranger» et «15% des répondants marocains affirment avoir un membre de la famille qui a vécu à l’étranger». Elle ajoute que 47% des Marocains pensent que les mouvements transfrontaliers devraient être restreints face à 40% seulement qui considère que ces mouvements devraient être libres. Enfin, l’enquête révèle que 47% de Marocains pensent que la traversée des frontières internationales reste difficiles voire très difficile, contre 9% seulement convaincus que cette traversée reste facile voire très facile.

Globalement, l’enquête conclut que «les jeunes et les instruits sont plus susceptibles de penser à émigrer». D'après des observations récentes de ses chercheurs, l’Afrobaromètre précise que dans tout le continent, plus du tiers des Africains ont pensé à l'émigration, dont «la moitié environ des jeunes adultes et des citoyens hautement instruits».

Ce nouveau rapport révèle que «ni l'Europe ni l'Amérique du Nord ne sont les destinations les plus populaires des potentiels émigrants, mais que ces derniers préfèrent s'installer dans un autre pays africain, et qu'ils sont surtout motivés par une soif de travail et d'opportunités économiques».

Pour le Maroc, l’Afrobaromètre a mené un 7ème round de travaux sur le terrain, en réalisant des entretiens face-à-face dans la langue du répondant avec des échantillons représentatifs à l'échelle nationale. Le réseau précise enfin que les marges d'erreur de son enquête varient entre +/-2 à +/-3 points de pourcentage à un niveau de confiance de 95%.