Des anciens parachutistes de l'armée israélienne l'ont attaquée en justice pour avoir servi de cobayes dans les années soixante dix à des tests sur des antidotes contre les gaz innervants, rapporte lundi le quotidien Yediot Aharonot.
«Nous étions les rats de laboratoire de l'armée», affirment ces militaires qui se plaignent de souffrir de séquelles.
Les faits remontent à 1971. Les plaignants relatent qu'on leur a proposé alors qu'ils effectuaient leurs classes de se joindre à un «projet secret», faute de quoi ils ne pourraient servir au sein d'une unité combattante.
«On nous a dit que nous participions à un projet secret. On nous a fait avaler des pilules. Nous avons eu des vomissements et des diarrhées. Ce n'est que des années plus tard que nous avons découvert qu'on nous avait donné des médicaments contre des gaz innervants, après les avoir testé sur des animaux», a raconté au journal, Avi Yogev, 55 ans.
«Nous étions les cobayes de Tsahal et nous en payons aujourd'hui le prix», a-t-il indiqué.
Les militaires qui ont participé à ces expériences ont souffert par la suite de maladies cardiaques et de peau, de troubles respiratoires et du foie et d'hypertension, souligne le journal.
Les tests ont duré 11 jours. Les jeunes appelés ont été séparés en trois groupes et placés en isolation dans la base de recrutement de Tel Hachomer, proche de Tel-Aviv. Ils ont dit avoir avalé des dizaines de pilules et que les expériences se sont poursuivies en dépit des vomissements et des diarrhées dont ils souffraient.
«Nous étions des rats de laboratoire, aujourd'hui nous payons pour avoir été volontaires et personne ne veut faire cas de nous», a ajouté M. Yogev, expliquant sa décision et celle de ses anciens compagnons d'armes de poursuivre en justice l'armée israélienne, le ministère de la Défense et l'institut de recherche biologique de Nes Tsiona proche de Tel-Aviv, pour exiger réparation.
L'armée israélienne, dans un communiqué, n'a pas démenti les faits et indiqué qu'un document «détaillant les produits et les médicaments donnés aux volontaires lors des tests a été remis à l'avocat représentant les plaignants».
«Le département de médecine de l'armée a mis en place une cellule chargée de recueillir les plaintes des militaires qui disent avoir participé à ces tests de laboratoires», ajoute le communiqué.
En mai 2007, des sources au sein des services de sécurité israéliens avaient reconnu avoir mis au point lors d'expérimentations sur des militaires volontaires un vaccin contre le bacille du charbon pour faire face à une éventuelle attaque non conventionnelle.
Le Dr Giora Martinovich, ancien médecin en chef de Tsahal, avait alors déclaré que ces expériences, conduites vers la fin des années 90 suite à des craintes d'attaques non conventionnelles à l'anthrax par l'Irak, avaient été menées sur 700 militaires volontaires.
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